(le squat doit retourner devant les juges car ceux-ci ont oublié d’ajouter la mention « autres occupants de leur chef » à l’ordonnance d’expulsion)
Glaise au tribunal
C’est un petit oubli, juste un bout de phrase. Peut-être seulement une étourderie. Nous revoici donc ici et il semble qu’il faille aller aussi vite pour cacher des vies que l’on ne saurait voir, mais nous reviendront dans un instant sur ce point.
Tout d’abord, permettez-moi un commentaire sur cette étourderie qui nous ramène ici un peu plus tôt que prévu, excusez-nous mais nous pensions que notre prochaine entrevue se ferait dans le cadre d’un autre lieu.
Alors, juste une étourderie? Ou une précipitation coupable? Car il est clair que vous n’avez même pas pris la peine de lire notre dossier, les multiples attestations, les éléments remettant en cause l’attitude de la mairie qui nous permettaient de penser que la justice pourrait être équitable. Même la juge de l’exécution a pris une semaine avant de rendre sa décision, alors que vous vous êtes contenté de deux jours. Ce bout de phrase oublié est symptomatique de ce qu’est fondamentalement la justice: une protection pour les puissants.
Permettez-moi d’étayer cette affirmation par deux exemples. Tout d’abord, une enquête, réalisée à Montpellier-même par la Cicade en 2002, et qui nous informe que les juges ont prononcé, pour les mêmes délits, plus de prison ferme aux étrangers qu’aux français, y compris dans les cas où les prévenus n’avaient pas de casier judiciaire; en l’occurrence 25% des français et 38% des étrangers. Alors, raciste la justice? Je ne cite pas non plus les différences de traitement selon que vous êtes riche, avec les meilleurs avocats et votre respectabilité, ou pauvre avec un avocat commis d’office et votre ignorance des codes de bonne conduite pour bourgeois. D’ailleurs, pensiez-vous réellement que nous avions le temps de contacter un avocat entre hier 16h et aujourd’hui 14h?
Le deuxième exemple que je voudrais citer illustre encore mieux la partialité de la justice, qui parfois se passe de ses fondements écrits pour accomplir sa mission cachée, laquelle est, je le répète, une protection pour les puissants. Vous avez sans doute entendu parler de l’affaire dite du « bug Perben 2 ». Rafraichissons-nous la mémoire. La loi, scélérate par ailleurs, avait réécrit l’article 721 du code de procédure pénale et par la magie d’un « et » remplaçant un « ou », les détenus voyaient leurs remises de peine multipliées. En théorie, ce bug permettait la libération immédiate de milliers de détenus, ce qui n’aurait pas été un luxe, vu la surpopulation carcérale. C’est alors qu’on a vu la justice dévoiler son vrai visage. Tout d’abord, l’administration pénitentiaire a placardé de fausses versions de la nouvelle loi sur les murs des prisons, puis, surtout, toutes les demandes de libération ont été bloquées le temps que le « bug » soit réparé.
Selon que vous soyez puissant ou misérable… Qu’en dites-vous?
Dans notre histoire face à la SERM et la mairie, il est évident que les misérables, c’est nous. Alors, qu’avons-nous vu? Trois interprétations différentes des possibilités données au juge. Le juge PEUT donner jusqu’à trois ans de délais, selon les situations respectives des parties, et n’utilise pas cette possibilité. Il se dispense même, dans sa précipitation, d’expliquer ses raisons. Le juge PEUT ensuite accorder jusqu’à trois mois de délais si l’expulsion risque d’entraîner des conséquences ‘une extrême dureté aux occupants. Mais là encore le juge n’utilise pas cette possibilité. Enfin, le juge PEUT réduire ou supprimer les deux mois de délais accordés normalement, en cas de voie de fait. Et là miracle! Le juge utilise cette possibilité! Et tant qu’à y être, il l’utilise totalement, alors que certains de ses collègues, à Lyon récemment par exemple, n’ont supprimé qu’un mois sur deux…
Selon que vous soyez puissant ou misérable…
Au fait, comment est justifiée cette décision? Par l’intérêt général. Alors si c’est d’intérêt général dont on nous parle, parlons-en. Je vais ici énoncer des vérités connues de tous: pour la mairie, l’intérêt général correspond à l’intérêt bien compris entre les riches et les classes moyennes. Mais qu’on ne me parle pas des pauvres. Toute la politique municipale le montre: les pauvres sont indésirables. On nous parle de logements sociaux. Mais pour qui sont-ils construits? N’est-il pas facile d’effectuer un tri parmi les demandes dans une région où 70% de la population rentre dans les critères d’attribution? Bien sûr que c’est facile, et la mairie ne s’en prive pas puisque les commissions sont tout ce qu’il y a de plus opaques… appréciez le jeu de mots. Ne me demandez pas de prouver ce que j’avance, je ne le ferais que si j’y suis contraint car les personnes que je serais obligé de faire témoigner risqueront de subir des représailles, qu’il s’agisse de personnes qui attendent désespérément un toit depuis des années mais n’ont pas la bonne couleur de peau, ou de personnes qui sont au contraire des salariés ayant obtenu un logement en deux mois par la grâce de leurs bonnes relations avec la mairie.
De quel intérêt intérêt général parle-t-on? Pas de l’intérêt des pauvres en tout cas, et la mission Grand Coeur donne déjà de premiers résultats surprenants pour qui se promène en centre-ville régulièrement depuis plusieurs années. « Eloignez-moi ces pauvres! » Voici le mot d’ordre.. Nous avons des arrêtés anti-mendicité, des bancs transformés pour qu’on ne puisse pas s’y allonger, des arrêtés interdisant la diffusion de tracts, un réaménagement de la fontaine des Trois Grâces pour que les pouilleux ne puissent plus s’y poser, des caméras dans toutes les rues qui permettent de repérer (et éventuellement de tuer) les taggers, mais qui sont d’une inefficacité totale en matière d’heures supplémentaires non payées ou de spéculation immobilière véreuse. Ici, l’intérêt général se moque des pauvres et des jeunes. On pourrait encore parler de l’interdiction pour les épiceries de vendre de l’alcool après 22h ou des régulières opérations de violence policière sur la place Candolle.
« Virez-moi ces pauvres et ces jeunes! » C’est ce que demandait la mairie il y a 2 ans pour nous expulser du 3 rue du refuge. Étonnamment j’y suis passé devant ce matin. Et qu’y ai-je vu? Tout d’abord que la réhabilitation de ce petit immeuble ne s’achève que maintenant, mais surtout que des gens entraient pour visiter. Le croirez-vous? Des gens blancs bien habillés… Alors qu’au moment où nous y étions entrés, les noms sur les sonnettes étaient tous de consonance arabe!
Racontons enfin qu’après la décision de justice nous avons dû manifester dans la mairie pour obtenir un rendez-vous. A cette occasion les responsables nous ont fait le chantage suivant: notre demande d’espace autogéré serait examinée à la seule condition que nous partions sous 24h. Si la demande avait une chance d’être acceptée, pourquoi nous mettre à la rue pour quelques semaines?
Arrêtons-nous là. Ne nous parlez plus d’intérêt général et encore moins de justice équitable. Nous ne nous reconnaissons pas dans vos lois, nous avons décidé de faire sécession, de nous constituer en Peuple souverain, de nous autodéterminer. La question ne concerne plus vos petites lois mesquines, mais le Droit international.
La Déclaration Universelle des Droits e l’Homme nous affirme, en son article 15 que tout individu a droit à une nationalité et que nul ne peut être privé du droit de changer de nationalité. Et bien nous le proclamons solennellement, nous changeons de nationalité et adoptons la nationalité niktalopienne.
En conséquence, ce que tente de faire la SERM et à travers elle la mairie et l’état français, c’est tout simplement une ingérence inadmissible dans un pays étranger. Cela ne nous surprend guère: nous avons eu vent des politiques françaises en Afrique et Moyen-Orient. Il n’empêche que nous nous défendrons!
La Charte de l’ONU proclame dans son premier article que son objectif est le règlement pacifique des conflits, ainsi que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le deuxième article répète son objectif de paix et de règlement pacifique des conflits. Pourtant, une décision d’expulsion serait une déclaration de guerre à l’encontre de la Niktalopie.
Signalons encore l’article 73 de la Charte de l’ONU, qui affirme que ses membres reconnaissent le principe de la primauté des intérêts des habitants des territoires qui ne s’administrent pas encore complètement eux-mêmes. Ce même article considère comme une mission sacrée l’obligation de favoriser leur prospérité, de les traiter avec équité, de les protéger des abus, et surtout de développer leur capacité de s’administrer elles-mêmes, de tenir compte des aspirations politiques des populations et de les aider dans le développement progressif de leurs libres institutions politiques.
Les droits des niktalopiens sont en passe d’être bafoués! Et qu’auriez-vous à dire contre cela? Que notre auto-détermination ne nous donne pas le droit de prendre un territoire de force? Mais il nous semble au contraire à nous qu’il n’y a aucun état au monde qui ne se soit pas constitué par la force! Et s’il en existe un, lequel s’il vous plait? Au contraire, la Niktalopie s’enorgueillit pour sa part de n’avoir tué personne, de n’avoir commis aucun génocide pour se constituer. La Niktalopie n’a pas de leçon à recevoir des autres états, encore moins de la France.
Examinons maintenant la Déclaration Universelle des Droits Collectifs des Peuples. L’article 1 définit un peuple comme « toute collectivité humaine ayant une référence commune à une culture et à une tradition historique propre, développées sur un territoire géographiquement déterminé, ou dans d’autres domaines ». Ainsi la Niktalopie possède bien évidemment une culture et une tradition historique propre, dont on trouve l’expression chez les Cyniques ou les Spartakistes dès l’Antiquité, chez les païens et brigands du Moyen-âge, La Boétie, les prêtres défroqués et surtout les pirates de la Renaissance ? Les Enragés et Sans-culotte des révolutions, les luddistes, les communards, les utopistes, la Bande à Bonnot et Ravachol, les ukrainiens de 1919, la colonne de fer de 1936, Mesrine, les autonomes et tous les réfractaires aux lois de leur pays, de tous temps et en tous lieux.
En tant que Peuple, la Niktalopie a le droit de s’identifier comme tel et aucune autre instance ne peut se substituer à elle pour la définir (article 2 de la Déclaration Universelle des Droits Collectifs des Peuples). Ensuite, la Niktalopie bénéficie du droit de s’affirmer comme nation, à partir du moment où ses membres ont la volonté de s’auto-organiser politiquement et institutionnellement (article 3)
C’est bien dans ce cas de figure que nous sommes! Et qu’on ne vienne pas nous dire que nous sommes trop peu nombreux, car tout peuple a le droit d’exister librement quelle que soit sa dimension démographique (article 5). Ajoutons qu’il existe des dizaines de micro-états et des centaines de micro-nations.
Poursuivons: La Niktalopie détient le droit de s’auto-déterminer de façon indépendante et souveraine (article 6) et de s’auto-gouverner en suivant les choix démocratiques pris par ses membres (article 7).
En conséquence: La Niktalopie a le droit au libre exercice de sa soueraineté sur l’intégralité de son territoire et « tout peuple qui a été expulsé de son territoire a le droit d’y retourner et d’y exercer sa souveraineté » (article 8).
Enfin, l’article 21 de cette Déclaration Universelle des Droits Collectifs des Peuples affirme que « TOUT PEUPLE PRIVE PAR LA FORCE OU LA PRESSION D’UN DE SES DROITS COLLECTIFS A LE DROIT A LA RESISTANCE S’IL LE FAUT EN UTILISANT LES MOYENS NECESSAIRES POUR SA LEGITIME DEFENSE, JUSQU’A L’OBTENTION DE SON RETABLISSEMENT TOTAL »
Niktalopie vaincra