Défilé pour garder un squat à Montpellier
L’espace culturel autogéré du 8, rue Abbé-de-l’Epée doit être évacué.
Une quinzaine de jeunes ont marché vers la mairie de Montpellier vendredi après-midi, arborant une banderole où était écrit : «Nos désirs font désordres.» Ils protestaient contre leur expulsion imminente du squat du 8, rue Abbé-de-l’Epée, dont ils avaient pris possession, fin janvier, pour en faire un espace autogéré. Un lieu offrant des activités culturelles pour résidents permanents et voyageurs nomades dans un cadre de vie collective. Comme le 102 à Grenoble ou les Tanneries à Dijon. Mais la mairie (socialiste) n’aime pas les squatters. Surtout quand ils investissent une belle demeure bourgeoise avec parc, qu’elle veut transformer en logements et club du 3e âge via sa société d’économie mixte, la Serm. Le 12 février, elle leur a donc envoyé les flics. Mais les «occupants sans titre» ont grimpé sur le toit. Craignant l’accident, la police est repartie bredouille, cassant dans l’action un morceau de balustrade. La Serm a alors lancé une procédure d’urgence devant le tribunal. Au cours du procès, mardi, son avocate Me Noy a exigé «l’expulsion avec suppression du délai de deux mois», relevant que ces jeunes menaient «une forme de justice privée à l’encontre de la politique de la ville».
A la barre, ils étaient cinq à se défendre, demandant de pouvoir rester dans les lieux pendant les deux mois légaux. Parmi eux, un journaliste au chômage, un étudiant en archéologie et un garçon de 21 ans, sans famille et à la rue depuis trois ans. Droit au logement, utilité sociale de leur projet, impossibilité de dialogue avec la mairie… Aucun argument n’a convaincu le juge, qui a ordonné jeudi leur expulsion sans délai. Mais la police a décidé de leur laisser quelques jours de répit, souhaitant «qu’ils partent d’eux-mêmes, sans qu’il y ait usage de la force». Pour l’un des policiers intervenus sur le toit : «Ce sont nos anarchistes habituels. Jamais dans les violences urbaines mais antiflics.» En septembre, certains avaient planté une tente sur le campus pour dénoncer les problèmes de logement. D’autres ont déjà été expulsés d’un autre squat autogéré, le Grraou (Libération du 22 juillet 2005). En bref, des contestataires dont les questions dérangent.