Le 3 décembre 2014, au TGI (Tribunal de Grande Instance) de Montpellier se tient une improbable audience, les faits :
Le 27 mai dernier, un groupe de 3 personnes a récupéré des sacs de nourriture dans les poubelles d’un supermarché. La nourriture ainsi récupérée était « périmée » de quelques jours, quelques heures parfois, mais ne présentait aucun danger à la consommation. Ces denrées ayant perdu leur valeur monétaire (mais pas nutritionnelle – !), elles étaient destinées à être jetées.
Ils ont été arrêtés par la Brigade Anti-Criminalité (BAC) en sortant du parking du magasin, et ont ensuite passé 12h en garde à vue au commissariat de Sète pour avoir « frauduleusement soustrait des denrées périssables avec date dépassée ». Ils sont convoqués en audience correctionnelle au TGI de Montpellier.
Quel mal y a-t-il à récupérer des « déchets » dans les poubelles pour faire manger ceux qui ont faim ?
Et pourtant permettre à des gens de se nourrir, dans un contexte de vie toujours plus chère et de ressources de plus en plus limitées, est aujourd’hui considéré comme un crime.
L’argument de la « Santé Publique », souvent avancé contre la récupération, est à notre sens infondé, la nourriture récupérée étant bien évidemment triée et évaluée par ses futurs consommateurs. De plus, la plupart des produits laitiers et autres aliments comportent une « DLUO » (Date Limite d’Utilisation Optimale, souvent notée « À consommer de préférence avant le ») et non pas une « DLC » (Date Limite de Consommation). Les produit sont jetés parce que leur goût peut être altéré après la date indiquée, et non pas parce qu’ils présentent un danger pour la santé. DLC et DLUO sont jetés ensemble, alors que le second pourrait même être vendu en toute légalité.
La pauvreté est peu à peu criminalisée, cette histoire en est un exemple flagrant. Mais ce n’est malheureusement pas le seul: aussi bien au niveau privé (poubelles fermées et placées dans les locaux sous vidéosurveillance) qu’au niveau public (arrêté anti-glanage à Nogent sur Marne, arrêtés anti-mendicité), des mesures criminalisant la faim et la récupération de nourriture sont prises par les autorités, au détriment des plus démunis et dans l’indifférence générale. Le verdict prononcé le 3 décembre nous avouera si nos dirigeants préfèrent défendre les « intérêts » d’un grand magasin plutôt que de permettre à des humains de se nourrir.
En attendant, nous appelons toutes personnes, collectifs (formels ou non) et associations qui trouvent cette situation ahurissante et intolérable à nous soutenir. Mobilisons-nous et faisons de ce procès un exemple pour défendre le peu de droits restants aux plus démunis ! Parlons-en, diffusons l’information. C’est par une forte mobilisation et un grand relais que les enjeux découlant de ce procès pourront être dénoncés.
Un peu de bon sens, merde.