Un membre du Carnaval des Affamés en justice

Mercredi 20 novembre, un militant montpelliérain compassait devant le tribunal correctionnel de Montpellier.

Les deux premiers texte ci-dessous reviennent sur l’audience, suit un tract du Carnaval des Affamés.

Les forces de l’ordre m’ont empêché d’entrer dans le tribunal, je suis donc resté à l’extérieur avec bon nombre de personnes venu en soutien à Philippe.

– vincent

Mercredi 20 novembre, Philippe Bouzat, militant du droit au logement et membre du « carnaval des affamés », répondait devant le tribunal correctionnel de Montpellier, d’outrages et de violences à agents. Des faits remontant au 16 avril dernier.

En ce jour de sacralisation du beaujolais nouveau je ne résiste pas à vous rapporter les dernières sensations du palais :

Un inculpé du meilleur cru, un responsable de la Cimade gouleyant à souhait et les deux témoins suivants pour lesquels je m’interdis de dire qu’ils avaient de la cuisse par égard pour leur sexe, firent une audience de très bonne facture. A une partie civile d’une maturité insuffisante et à un procureur quel que peut bouchonné par sa mauvaise connaissance du dossier, répondit un avocat du prévenu bien en bouche. Son intervention fut le bouquet final d’un procès qui se retourna contre l’accusation. Le hic dans cette histoire c’est que nous ne serons fixés que le 11 décembre prochain.

Un délai suffisant pour qu’une fermentation mal contrôlée dans une antichambre du palais transforme une très bonne cuvée en vulgaire vinaigre.

Trêve de plaisanterie, cela fait tout de même plaisir quand les pandores sont désavoués, malgré un ITT de circonstance, par la peine requise contre l’accusé : 6000francs. Le verdict sera-t-il susceptible de créer des vocations digne du marché de Brive-La-Gaillarde… ?

Jacques G.

Suit l’article de Midi Libre d’hier :

Hier après-midi, au tribunal correctionnel

Philippe, des « Affamés », a-t-il frappé les policiers ?

Prévenu pour outrages et violence, le quadragénaire soutient le contraire.

Deux heures de débat, trois témoins cités, une salle comble, un service d’ordre et un comité de soutien à l’entrée du palais de justice… L’affaire Philippe Bou­zat n’est pas passée inaperçue hier, au tri­bunal correctionnel. Le quadragénaire d’origine montpelliéraine, sans domicile fixe, membre du Carnaval des affamés, (1) et inconnu de la justice, comparaissait pour outrage, rébellion et violence à l’en­contre de dépositaires de l’autorité publi­que. En l’espèce, deux gardiens de la paix.

Les faits se déroulent le 16 avril. Plusieurs membres du Carnaval, dont Phi­lippe Bouzat, sont réunis sur le parking devant le palais, alors que se tient une audience en référé au sujet de l’occupa­tion illégale du foyer Saint-Vincent de­ Paul. Une cantine et une tente de Méde­cins du monde sont installées.

Vers 16h30, les policiers, qui agissent sur ordre de leur hiérarchie, demandent aux manifestants de dégager le parking. L’en­droit est un lieu public, le rassemblement devient gênant, notamment pour la circu­lation. Personne ne bouge. Les fonction­naires prennent alors les choses en main et commencent à s’en prendre à la tente et à la « popote ».

Une participante, sur les conseils de Philippe Bouzat, se met à fil­mer la scène. Les forces de l’ordre s’en aperçoivent, appréhendent le caméscope et s’emparent de la cassette. Le futur pré­venu se précipite, les policiers I’interpel­lent. Voilà pour là chronologie des faits.

Pour leur déroule­ment exact, les ver­sions diffèrent: 1e pré­venu, qui a porté plain­te mais n’a pas été sui­vi, dit avoir agi calme­ment et assure avoir été brutalisé sans rai­son. Les fonctionnai­res affirment avoir été frappés et insultés et estiment avoir procé­dé à une interpella­tion sans violence par­ticulière.

Les trois témoins qui se succèdent n’éclairent pas vrai­ment le tribunal. Deux n’ont pas vu la scène, un assure que les poli­ciers ont donné des coups de pied à Philippe Bouzat, ce que lui-même ne confirme pas. La partie civile défend évidemment les forces de l’ordre. Le procureur deman­de soixante jours amende.

La défense, après avoir, à l’instar du prévenu, pris soin d’élargir le débat au-delà des faits eux-mêmes, considère que Philippe Bouzat n’a rien fait. Et que c’est lui la victime dans ce dossier. Que si les policiers n’ont pas voulu qu’on les fil­me, c’est qu’ils avaient quelque chose à se reprocher. Le tribunal rendra sa décision le 11 décembre à 14h.

CARNAVAL DES AFFAMÉS – CUISINONS LA SOLIDARITE!

Le Carnaval des affamés est un collectif non-violent et autogéré qui s’est constitué à l’occasion de la journée Mondiale du Refus de la Misère, le 17 octobre 2001 à Montpellier. Son action est motivée par plusieurs constats:
– La progression de toutes les formes de misère, qu’elles soient économiques, sociales ou culturelles.
– L’inadéquation entre les structures proposées par les institutions traditionnelles de lutte contre l’exclusion et les besoins réels sur le terrain.
– L’absence de lieux de convivialité et de solidarité permettant la rencontre et l’échange entre les différents groupes sociaux qui composent cette ville et redonnant à l’individu uns place sociale fondée sur l’autonomie et la solidarité.

Estimant que le partage du repas est un acte social fort qui permet d’avancer sur ce terrain, le collectif a décidé de monter un projet de cantine biologique végétarienne autogérée où chacun participe à la hauteur de ses moyens (financiers, participation aux tâches,…). Il nous semblait essentiel de gommer la barrière de l’argent afin que la cantine soit effectivement accessible à tous. Toujours avec les mêmes objectifs, nous voulions développer, autour de cette activité principale, un lieu de rencontre et d’échange de savoir.

Le carnaval des affamés, fort expériences passées d’occupations alternatives sur Montpellier, s’est engagé dans l’occupation de locaux institutionnels vacants, profitant par là même pour dénoncer le scandale des logements vides sur Montpellier. Ses deux occupations au 3 rue Pasteur et 15 rue du faubourg St-Jaumes ont permis de prouver la viabilité du projet : 6000 repas servis en cinq mois et la mise en place d’ateliers culturelles (danse, théâtre, arts plastiques pour les enfants, yoga, crochet, vélos, communication, etc….). Ces occupations se sont terminées par des expulsions brutales.

L’action caritative et humanitaire, nécessaire pour éviter les drames individuels, n’apporte pas de solutions durable au problème de la misère dans son ensemble. La misère est un élément constitutif de notre société, c’est pourquoi le Carnaval des Affamés tente de développer des pratiques alternatives fondés sur l’autogestion, effaçant ainsi toute forme de hiérarchie sociale.

Malheureusement, la politique actuelle n’est pas à l’expérimentation de solutions nouvelles… Les associations et les organismes caritatifs n’ont même plus les moyens de répondre à l’urgence mais le gouvernement préfère renforcer le contrôle et la répression de la misère : mendier sur la voie publique ou s’abriter dans un lieu privé seront passibles de 6 mois d’emprisonnement et plusieurs milliers d’euros d’amende si la loi Sarkozy est votée!

Refuser la misère: oui! mais comment? En développant au quotidien des lieux autonomes de convivialité et de solidarité.

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