(Libé) Les SDF virés réemménagent. Une dizaine d’entre eux occupent des locaux du ministère de l’intérieur

Trois jours après avoir été expulsés de bâtiments appartenant à la caisse régionale d’assurance maladie (Cram) qu’ils occupaient depuis neuf mois (Libération des 17 et 18 août), une dizaine de sans-abri de Montpellier ont trouvé une solution de remplacement: deux immeubles, propriété du ministère de l’Intérieur, situés en plein centre de Montpellier, pour une superficie totale d’environ 500 mètres carrés.

«Nous ne sommes pas ici pour provoquer le ministère de l’Intérieur, mais pour appeler l’État au secours et pour que l’on prenne ses responsabilités au plus haut niveau dans les ministères», explique Didier Batini, président du DAL 34 et porte-parole des ex-résidents de la Cram. Les nouveaux bâtiments occupés ont une histoire; acquis en 1993 en vue de la reconstruction de l’hôtel de police en lieu et place de l’ancien commissariat central, ces immeubles sont situés sur l’emplacement du projet. Mais, faute de déblocage des 150 millions de francs nécessaires, le dossier somnole et traîne dans un tiroir ministériel depuis plus de deux ans. En tout cas, depuis février 1993, époque à laquelle Paul Quilès, alors ministre de l’Intérieur, avait annoncé la livraison des nouveaux locaux pour… fin 1995!

Mais depuis, rien de nouveau. Et les anciens occupants du 139, avenue de Lodève ont donc décidé d’investir ces immeubles voués à la démolition, avec le soutien du DAL 34 et du Mouvement associatif de solidarité des sans-emploi (Masse), notamment. Objectif: y héberger une quinzaine de personnes et créer une structure d’accueil et d’accompagnement dans leur recherche de logement et de travail.

Du côté de la préfecture, en l’absence du préfet en vacances, on observait hier le plus grand mutisme sur cette nouvelle réquisition forcée de locaux. «De toute façon, nous n’attendons toujours rien de la préfecture qui nous ignore maintenant, lâche amèrement Didier. Nous ne comptons plus que sur Matignon, car Alain Juppé a demandé une enquête administrative sur les conditions de notre expulsion des bâtiments de la Cram, et nous lui avons d’ailleurs adressé notre version des faits.» Mercredi dernier, la trentaine d’occupants des lieux avaient été si rapidement mis à la porte de l’immeuble qu’ils occupaient qu’ils n’avaient pas tous eu le temps de récupérer ni leurs affaires personnelles, ni un certain nombre de meubles qui leur avaient été donnés au fil des mois. Hier matin, un huissier s’est présenté à la direction de la Cram, chargé d’une mission interpellative de restitution de ces effets mobiliers dans les 24 heures. A défaut, une plainte pourrait être déposée auprès du parquet.

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